Pour élever des escargots il faut bien sur un parc où ils peuvent grandir et se divertir.
Beaucoup d’héliciculteurs utilisent des parcs avec une clôture électrique pour empêcher nos petits gastéropodes de s’enfuir.

Mon modeste parc, lui, est protégé par une barrière chimique composé de graisse, savon noir et soude caustique. Ne prenez pas peur, cette mixture est positionnée sur une bordure en bois que l’escargot fuit comme la peste.

Des planches de sapin sont présentes pour qu’ils puissent s’abriter du soleil et des fortes chaleurs mais ils restent le plus souvent actifs la nuit ou les jours de pluie.

Un filet est installé sur l’ensemble du parc pour éviter les attaques de prédateurs volants. Les pigeons, tourterelles, pies & merles en raffolent.
Les rongeurs (musaraignes, souris, campagnols), sont eux gérés par mes deux chats qui sont de très bon chasseurs.

Dans leur parc, j’ai pris la peine de planter des choux fourragés, de la luzerne, de la moutarde et différentes herbes de prairie.
En complément, je leur fournis des farines (maïs, tourteau) et des minéraux pour fortifier leur coquille.

L'hiver est une période de long repos, de jeûne prolongé que nos petites bêtes à cornes doivent aborder avec un maximum de réserve, car ce repos peut durer 4 à 6 mois. Elles vont entrer en hibernation dès que la température descend en sous des 10°C.

Avant de faire hiberner les escargots, il faut procéder au séchage.
Cette étape va durer une semaine pendant laquelle les escargots vidangent leur intestin et font le vide de leur eau.

Ils sortent d’hibernation au printemps et reprennent des forces pour se reproduire.

L'escargot est hermaphrodite, c'est à dire qu'il est à la fois mâle et femelle. Néanmoins, cet hermaphrodisme n'est pas simultané mais protérandrique : les produits génitaux mâles (spermatozoïdes) arrivent à maturité avant les produits génitaux femelles.
Un même individu est donc capable de produire des spermatozoïdes et des ovules, mais l’autofécondation étant impossible, il doit s’accoupler avec un partenaire: c'est la fécondation croisée.

Lorsque deux escargots se rencontrent et que la saison des amours bat son plein, ils commencent par s'embrasser "baveusement": ce sont les préludes.

Mais l'escargot ne passe pas directement de ces préludes à la copulation. En effet il y a entre les deux une phase qu'on appelle la phase du lancement du dard.
L'escargot possède, à côté de sa tête, une poche musculaire. Cette poche musculaire va, lors des préludes, s'ouvrir et laisser échapper un dard, une flèche. On appelle cela la flèche de Cupidon.
Cette flèche va aller se planter entre la tête et la coquille chez le partenaire ce qui va l'amener à copuler.
La recherche a récemment révélé que le "dard d'amour" est plutôt un moyen d'injection. En utilisant ce dard, l'escargot donateur injecte au destinataire un mucus contenant plusieurs types d'hormones. Ces hormones affectent les organes génitaux femelles de l'escargot réceptif.

Alors, à partir du moment, où le partenaire a été stimulé, la copulation va pouvoir commencer.
Ils vont sortir leur pénis blanchâtre de sous leur œil droit.
Puis, nos deux compères s'échangent leur petit sac, appelé spermatophore, contenant les spermatozoïdes.

Par le miracle de la biologie, nos deux escargots mâles vont alors se transformer en femelles, produire des ovules, qui seront fécondés par les spermatozoïdes stockés du partenaire. Cet acte va durer plusieurs heures (10-15 environ).

Après l'accouplement, il peut arriver que le filament chitineux appelé spermatophore ne soit pas entièrement rétracté à cause d'une interruption accidentelle de la copulation.

15 à 20 jours plus tard, l'escargot va creuser un trou de quelques centimètres de profondeur pour pouvoir y pondre ses œufs. L'ensemble des oeufs s'appelle un naissain. Le nombre d'oeufs pondus est d'environ une centaine (cela dépend de la race, de l'âge, etc...).



A la fin de l’été vient le ramassage car ils atteignent l’âge adulte. Ils sont reconnaissables par le bord de leur coquille qui forme une bordure dense. On appelle ça « un escargot bordé ».
Certains petits veinards resterons encore dans le parc jusqu’aux gelées pour ensuite repartir en hibernation et devenir les reproducteurs de l’année suivante.

Une fois ramassés, nous procédons comme pour une hibernation, c’est-à-dire séchage et jeûne pendant une semaine.
Le froid ne rentre pas en compte, cette fois ci c’est le chaud.
La chaleur ainsi que l’absence de nourriture et d’eau entrainent cette hibernation estivale appelée « estivité de l’escargot ». C’est un moyen naturel pour lutter contre les étés rudes.